Constipation : remèdes et traitements

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 19/12/2019

femme présentant des maux de ventre

La constipation ? Effectivement, il y a des sujets plus « glamour », mais elle touche en France une personne sur cinq avec 80% de femmes et de personnes âgées. En effet, c’est l’un des motifs les plus fréquents de consultation du pharmacien souvent après 2-3 jours sans être passé aux toilettes ! Il faut donc réagir vite. En effet, si on laisse une constipation importante s’installer, des complications peuvent apparaitre. Soulager ce symptôme au plus vite est donc tout à fait justifié. Alors comment combattre la constipation mais surtout comment la prévenir ?


La constipation : qu’est-ce que c’est ?


La constipation consiste en un retard ou une difficulté à évacuer les selles. La fréquence d’évacuation des selles varie beaucoup d’une personne à une autre allant de 3 fois par jour à 3 fois par semaine. On peut également parler de constipation lorsque les selles sont dures, sèches, difficiles à évacuer. En général le terme de constipation est retenu quand on note moins de 3 selles par semaine avec des consistances très dures.

Cette constipation peut être occasionnelle (voyage, grossesse…) ou chronique. On emploie le terme de constipation chronique lorsque le problème dure depuis 6 à 12 mois avec des symptômes plus ou moins marqués.

Il existe globalement 2 types de constipation :

  • La constipation de transit (ou de progression) : c’est-à-dire que le péristaltisme intestinal (la contraction des intestins pour faire avancer les selles) est ralenti et les selles restent trop longtemps dans le colon.
  • La constipation terminale ou encore d’évacuation : les selles s’accumulent dans le rectum pendant plusieurs jours et sont difficiles à expulser.
     

Ces deux types de constipation peuvent coexister chez la même personne. La constipation est un symptôme et non une maladie. Cependant, si elle persiste, certaines complications peuvent parfois survenir :

  • Douleurs abdominales, crampes, ballonnements.
  • Occlusion intestinale qui nécessite alors une consultation très rapide.
  •  Hémorroïdes et/ou fissures annales.
  • Incontinence fécale.
  • Fécalome : c’est une accumulation de selles dans le rectum qui deviennent très compactes et très dures, surtout chez les personnes âgées et/ou alitées.
  • Une incontinence anale avec émission involontaire de gaz ou de selles.
  • Une rétention urinaire : impossibilité d’uriner alors que la vessie est pleine, due à l’accumulation de selles dures dans le rectum qui comprime les voies urinaires.
  • Une ulcération rectale.
  • Des complications dues à un abus de laxatifs : maladie des laxatifs : alternance de constipation et diarrhée violente associées à un phénomène de déshydratation.
     

La constipation : quelles en sont les causes ?


Lors de la digestion, les intestins se contractent pour faire avancer les aliments dans le tube digestif : c’est le phénomène de péristaltisme. Lors d’une constipation, ce péristaltisme est ralenti et les selles restent alors trop longtemps dans le colon et mettent ainsi plus de temps à progresser pour être évacuées. Si aucune cause organique n’est trouvée à ce ralentissement du péristaltisme on parle alors de constipation fonctionnelle.

Dans la plupart des cas, la constipation fonctionnelle est due à de mauvaises habitudes alimentaires :

  • Alimentation pauvre en fibre, trop riche en graisse. 
  • Consommation excessive de féculents et de farineux (pomme de terre, riz). 
  • Mais surtout une consommation insuffisante d’eau : boire en quantité suffisante, soit environ 2 litres par jour, est nécessaire. En évitant les boissons gazeuses, les sodas, les vins cuits et les jus de fruits sucrés qui ont tendance à constiper.
     

La constipation peut aussi avoir d’autres causes très nombreuses :

  • Le manque d’exercice physique avec la sédentarité, mais aussi les voyages pendant lesquels une longue position assise est nécessaire ou encore un changement de l’environnement familier quotidien peuvent provoquer une constipation reflexe.
  • La grossesse, car il y a une diminution des contractions intestinales dues à des modifications hormonales.
  • L’âge : les personnes âgées sont plus sensibles à la constipation.
  • Des problèmes psychiques ou un fort stress peuvent provoquer une constipation.
  • Des causes endocriniennes ou métaboliques (diabète, hypothyroïdie…) ou encore des causes neurologiques  (sclérose en plaque, maladie de parkinson, accidents vasculaires cérébraux, paraplégie...).
  • L’arrêt du tabac.
  • Certains médicaments (contre la douleur dont la codéine, contre les ulcères d’estomac ou encore des antidépresseurs) ralentissent le transit intestinal.
  • L’utilisation de trop de laxatifs (maladie des laxatifs) peut conduire à une accoutumance de l’intestin et augmente le risque de constipation.
  • Chez les femmes, les changements hormonaux lors des cycles ou de la ménopause peuvent avoir une influence sur le transit intestinal.
  • La constipation peut aussi résulter d’allergies ou d’intolérances alimentaires et notamment envers le lactose du lait de vache par exemple

Il peut s'avérer, dans de rares cas que la constipation soit le symptome d'une maladie grave. Si elle est alternée avec des phases violentes de diarrhées, cela peut témoigner d'un obstacle dans les intestins ou d'une inflammation chronique. Cela nécessitera donc une consultation médicale dans les plus brefs délais. 
 

La constipation : le cas particulier de la grossesse 


Chez la femme enceinte, le problème de constipation est encore plus fréquent puisqu’il touche une femme enceinte sur deux, d’autant plus si ce problème existait déjà avant la grossesse. Pourquoi ? Les hormones de grossesse, et en particulier la progestérone ont un effet relaxant sur les fibres musculaires lisses de l’utérus et de l’intestin. Cet effet permet de réduire le risque de contractions de l’utérus mais en contrepartie il provoque un ralentissement du transit qui est à l’origine de ballonnements et de constipation. De plus, au cours du troisième trimestre, la diminution de l’activité physique et la pression qu’exerce l’utérus sur les intestins contribue également à augmenter ce phénomène de constipation.

Enfin, les suppléments en fer, souvent prescrits à la femme enceinte pour prévenir les carences, ont tendance à provoquer un ralentissement du transit. Ainsi, pendant la grossesse, la constipation peut provoquer des douleurs au ventre qui peuvent inquiéter la femme enceinte et alors, il est impératif en cas de maux de ventre enceinte, de consulter le médecin pour vérifier qu’il s’agit bien d’une constipation.

A côté de mesures hygiéno-diététiques pour soulager cette constipation (boire beaucoup d’eau, consommation d’aliments riches en fibres, activité physique compatible avec la grossesse), seul le médecin pourra préconiser un traitement adapté de la constipation pour la femme enceinte puisque de nombreux médicaments laxatifs sont totalement contre indiqués pendant la grossesse. N’hésitez pas à demander également conseil à votre pharmacien.

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La constipation : comment la traiter ?  
 

Soigner la constipation par des mesures hygiéno-diététiques 

Pour soulager une  constipation, le premier traitement consiste tout d’abord en des mesures hygiéno-diététiques très simples :

Adopter une alimentation riche en fibres :

Alors que manger en cas de constipation ? Concrètement, les aliments d’origine végétale (fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes, noix, pruneaux, son de blé, son d’avoine et graines) contiennent tous des fibres alimentaires alors que ceux d’origine animale n’en contiennent pas. Ces aliments végétaux contiennent 2 types de fibres : les solubles et les insolubles qui sont indispensables au bon fonctionnement du transit. Certains fruits riches en pectine : pomme poire, pêche, baies permettent de prévenir la constipation en absorbant l’eau et en créant un gel qui favorise alors l’évacuation des selles dans l’intestin.

​Boire suffisamment :

Entre 2 et 3 litres par jour et de manière plus simple : boire 6 à 8 verres d’eau entre chaque repas couvrirait ce besoin. Ne pas oublier que les eaux minérales riches en magnésium ont un effet laxatif doux et peuvent être privilégiées en cas de constipation.

L’exercice physique régulier :

C’est un des traitements les plus efficaces de la constipation : marcher, pédaler, être actif physiquement a une action sur les muscles abdominaux et favorise le transit intestinal.

Répondre au besoin d’aller à la selle dès qu’il se présente :

Ne pas retarder ce moment car en n’écoutant pas ce signal, l’évacuation devient plus difficile. Pour les personnes constipées, les médecins recommandent d’aller à la selle 2 fois par jour environ 30 minutes après un repas et ne pas faire d’efforts de poussées pendant plus de 5 minutes (car cela augmenterait les risque d’hémorroïdes). Ce « rituel » favorise ainsi l’évacuation des selles. 
 

Soigner la constipation avec des laxatifs 

Le recours aux laxatifs doit toujours intervenir en cas d’échec des règles hygiéno-diététiques et il faudra dans un premier temps privilégier des laxatifs doux dit de lest ou osmotiques. Pour cela demander conseil à votre pharmacien. Les laxatifs sont classés en 5 catégories et leur usage non contrôlé peut, pour certains, conduire à une maladie dite « la maladie des laxatifs ».

Les laxatifs :

Laxatifs de lest :

Ce sont des mucilages, c’est-à-dire des grosses molécules qui ne sont pas métabolisées et donc pas absorbées, elles forment un gel en absorbant l’eau et augmentent ainsi la masse et le volume du bol fécal facilitant l’évacuation des selles. Ce sont ceux qui sont donnés en première intention mais ils ont un délai d’action de 1 à 3 jours et leur prise doit toujours être accompagnée de grand volume d’eau au cours de la journée.

Laxatifs osmotiques :

Ces laxatifs agissent en hydratant les selles et donc en les ramollissant pour favoriser leur élimination. Ils sont hydrolysés dans l’intestin par des bactéries de la flore intestinale en des molécules organiques qui permettent d’augmenter le péristaltisme intestinal. Leur délai d’action est de 1 à 2 jours et ils sont à consommer avec de grands volumes d’eau au quotidien.

Laxatifs lubrifiants :

Ces laxatifs associent lanoline et vaseline pour lubrifier et ramollir les selles. Le délai d’action est rapide puisqu’ils agissent en 6 à 8 heures avec une prise de préférence le soir mais il est conseillé de ne pas s’allonger dans les 2 heures qui suivent leur prise.

Laxatifs stimulants :

Ils font partie des laxatifs très utilisés car ils sont efficaces très rapidement entre 5 à 10h après leur prise. Ils ont une action directe irritante de la muqueuse intestinale en augmentant la sécrétion intestinale d’eau, d’électrolytes et de protéines provoquant alors une accélération du transit intestinal.  Leurs propriétés irritantes sont à prendre en compte pour protéger de l’altération les cellules épithéliales du tube digestif. Leur utilisation doit rester très ponctuelle et uniquement après échec des autres laxatifs. Ils présentent de nombreux effets secondaires non négligeables comme des risques de diarrhée, des douleurs abdominales et une hypokaliémie (fuite de potassium) et donc prudence chez les patients traités par des anti-arythmiques, des diurétiques, des corticoïdes ou encore certains neuroleptiques par exemple. Toujours demander conseil à votre pharmacien en précisant bien votre traitement habituel.

Laxatifs locaux :

Ils se présentent sous la forme de suppositoires ou de micros lavements à base de gels de glycérol. Ils s’utilisent par voie rectale et agissent en facilitant la vidange du rectum par reflexe associé à un effet osmotique et lubrifiant. Certains suppositoires libèrent du gaz carbonique provoquant le réflexe d’exonération. Le délai d’action est très rapide de 30 à 60 minutes. Ils ont à utiliser ponctuellement pour ne pas modifier le réflexe de défécation. Ces laxatifs sont plutôt indiqués dans la constipation terminale ou d’évacuation.
 

Qu’est ce que la maladie des laxatifs ?

La maladie des laxatifs est aussi appelée fausse diarrhée et est due à l’abus de laxatifs stimulants ou osmotiques. Elle consiste en une alternance de diarrhées et de constipation accompagnées de coliques ce qui nécessite alors un traitement médical. De plus, la diarrhée chronique engendrée par l’abus de laxatifs entraine une hypokaliémie et d’autres troubles métaboliques pouvant aboutir à des désordres cardiaques graves (torsades de pointe). Les laxatifs stimulants peuvent également provoquer une inflammation de la muqueuse intestinale pouvant aller jusqu’à des modifications irréversibles de cette dernière.
 

Soigner la constipation avec des compléments alimentaires 

De nombreux compléments alimentaires permettent d’améliorer le transit et ils contiennent la plupart du temps, des associations de plantes qui aident à la digestion, à l’élimination (séné, cascara ou encore des plantes riches en mucilage ou en fibres). 

Des compléments alimentaires contenant des probiotiques sont également à conseiller en cure car ils permettent de restaurer la flore microbienne intestinale normale et aide ainsi à lutter contre la paresse intestinale. 

Demander conseil à votre pharmacien qui pourra vous aider dans le choix d’un complément alimentaire adapté (en tenant compte des plantes présentes dans la composition) en plus des mesures hygiéno-diététiques préconisées pour lutter contre la constipation.

  1. Nutergia Entézym 12 cubes
  2. Mayoly Spindler Probiolog 30 gélules
  3. Arkopharma Supraflor Ferments Lactiques 14 gélules
     

Soigner la constipation par homéopathie 

En effet, en homéopathie, un certain nombre de souches sont indiquées pour aider à lutter contre la constipation passagère ou chronique toujours en complément de mesures hygiéno-diététiques. Attention, ces indications sont données à titre général et doivent faire l’objet d’une visite à un homéopathe pour l’analyse du terrain de l’individu afin de déterminer la souche adaptée ainsi que la posologie adéquate à chaque personne.

Parmi les souches indiquées, il est possible de citer :

  • Plumbum 5CH quand la constipation est associée à des douleurs abdominales importantes.
  • Platina 5CH, Ignatia amara 9CH quand la constipation est liée à un voyage.
  • Nux vomica 5CH quand des problèmes de digestion sont associés à une constipation.
  • Opium 5CH en cas de selles très dures.
  • Alumina 5CH s’il y a besoin de beaucoup pousser pour expulser les selles avec quelques fois des fissures annales associées.
  • Sepia offcinalis 9CH, Alumina 5CH, Raphanus niger 5CH chez la femme enceinte. 
     

Il existe également des spécialités homéopathiques pour l’adulte et l’enfant de plus de 12 permettant de combiner l’action de plusieurs souches homéopathiques pour améliorer le transit. Demander conseil à votre pharmacien.
 

Soigner la constipation par phytothérapie 

En phytothérapie de nombreuses plantes ont des pouvoirs laxatifs importants, mais il faut manipuler la phytothérapie avec précaution, car ces plantes sont souvent très irritantes pour les intestins. Certaines plantes peuvent entrainer la maladie des laxatifs.

On retrouve dans ces médicaments à base de plantes, des laxatifs de lest qui sont à utiliser en première intention car ils augmentent le volume des selles comme : 

  • Le son de blé.
  • Les plantes à mucilages : Ispaghul, psyllium, l’agar agar, la gomme guar, la mauve et la guimauve.
  • Les graines de lin très riches en mucilages et qui renferment en plus de l’huile qui lubrifie les selles et augmente leur volume.
  • Les algues : carragaheen, fucus.
  • Les plantes à pectine : tamarin, pruneau.
     

Parmi les plantes, certaines ont la fonction de laxatifs osmotiques comme le Frêne ou l’Orme rouge, d’autres sont lubrifiants comme l’huile d’olive ou les graines de lin mais la plus grande partie des plantes laxatives représentent la catégorie des laxatifs stimulants. Elles sont donc à utiliser avec précaution et jamais sur le long terme. Elles sont contre indiquées chez la femme enceinte et l’enfant de moins de 12 ans.

Parmi ces plantes on trouve :

  • L’Aloes (Aloe vera)
  • Le Cascara
  • Le Séné
  • La Bourdaine
  • La Rhubarbe de chine
  • Le Boldo qui a une action plus douce par son action sur les muscles lisse de l’intestin.

  1. Arkopharma Graines de Lin 14 sachets
  2. Carmes Boyer Eau de Mélisse 100ml
  3. Phytalessence Transit 10 gélules
     

Ces plantes existent sous diverses présentations et peuvent être utilisées également sous la forme de tisanes. Toujours demander conseil à votre pharmacien avant l’utilisation des celles-ci pour éviter les mésusages et les potentielles contre-indications d’âge et d’incompatibilité avec une grossesse ou un traitement habituel.

Soigner la constipation par aromathérapie 

Parmi les huiles essentielles indiquées dans les troubles du transit et de la constipation, on retrouve principalement l’huile essentielle de Gingembre à consommer par voie orale. Certaines spécialités à prendre par voie orale sous forme de capsules existent et renferment des mélanges d’huiles essentielles à visée laxative à prendre en cure ou sur du long terme. 

Des mélanges d’huiles essentielles sont disponibles et à utiliser localement sous la forme de massage de l’abdomen pour leurs propriétés toniques et stimulantes de l’appareil digestif. Appliquées en mouvements circulaires autour du nombril et dans le sens des aiguilles d’une montre, ces mélanges d’huiles essentielles pour massage sont antispasmodiques, elles facilitent la régulation du transit, aident à lutter contre les coliques et les ballonnements. 

  1. Pranarôm Huile Essentielle de Gingembre Bio 5ml
  2. Pranarôme Oléocaps 3 Digestion & Transit Intestinal 30 capsules
     

La constipation : comment la prévenir ? 
 

La prévention de la constipation passe par l’adoption au quotidien de mesures hygiéno-diététiques de base : alimentation adaptée, hydratation, activité physique et ne pas se retenir d’aller à la selle.

Si vous adoptez dès aujourd'hui ces quelques mesures simples à appliquer, la constipation vous épargnera peut-être. Cependant, un voyage, un changement dans le quotidien ou tout simplement un stress passager peut modifier cette horloge du transit pourtant si bien réglée.

Dans ce cas, des solutions existent et quand les selles deviennent plus rares, alors il ne faut pas négliger cette constipation. Lorsqu'elle est passagère, elle se soigne très bien mais ne pas hésiter alors à demander conseil à votre pharmacien. S'il s'avère qu'elle soit chronique malgré l'adoption de mesures hygiéno-diététiques et si la constipation est rebelle au premier traitement, alors le médecin analysera avec vous tous les symptômes et vous proposera un traitement efficace pour y remédier. Des solutions existent pour soulager la constipation et éviter les complications qu’elle pourrait entrainer : de quoi redonner (enfin) le sourire à vos intestins !