
Un doigt rouge, enflé, douloureux, avec parfois la sensation de sentir battre son cœur au niveau du doigt ? Et si ce scénario banal cachait une infection appelée panaris ? Bien que souvent bénin, le panaris peut évoluer rapidement et nécessiter une intervention médicale si le traitement n’est pas pris à temps. Quels sont les bons réflexes à adopter ? Le point avec Sandrine, votre pharmacienne DocMorris.
Qu’est-ce qu’un panaris ?
Le panaris est une infection aiguë de la peau située autour de l’ongle ou sur un doigt, plus rarement sur un orteil. Il s’agit d’une infection bactérienne, principalement à Staphylococcus aureus, qui pénètre dans la peau à la faveur d’une petite plaie, d’une écharde ou d’une manucure agressive. L’infection va alors se développer en 2 à 5 jours.
Il existe plusieurs formes de panaris selon la localisation de l’infection :
Périonyxis (autour de l’ongle)
Panaris pulpaire (au bout du doigt)
Ces deux formes sont des formes cutanées de panaris, les bactéries restent à la surface de la peau et la forme cutanée évolue généralement de façon favorable rapidement.
Panaris profond (atteinte des gaines tendineuses ou de l’os dans les cas avancés). C’est alors un panaris sous-cutané, une forme beaucoup plus grave qui doit être traitée en urgence pour éviter d’atteindre les articulations, les tendons ou encore l’os.
Quels sont les symptômes d’un panaris ?
Le panaris survient en général moins d’une semaine après une blessure (parfois très minime) et commence par l’apparition de signes d’inflammation locaux : rougeur, chaleur et douleur autour de l’ongle.
Les principaux symptômes sont :
une douleur vive qui peut empêcher de dormir, souvent pulsatile
une rougeur localisée
une zone chaude au toucher
Le doigt peut être gonflé, ainsi que la zone autour de l’ongle. On peut noter l’apparition de pus et la formation d’une cloque blanchâtre. Si l’atteinte est profonde, il peut être très difficile de mobiliser son doigt.
Attention : sans traitement, le panaris peut évoluer vers un abcès, voire une infection plus étendue.
Bon à savoir : bien qu’il soit provoqué par des germes, le panaris n’est pas contagieux. En revanche, si vous avez un panaris, évitez de manipuler des aliments, car le germe peut contaminer la nourriture et provoquer des diarrhées ou des troubles digestifs chez les personnes qui l'ont consommée.
Quelles sont les causes et facteurs de risque ?
Le panaris survient souvent après une effraction cutanée, même minime. Une petite peau morte arrachée, une écharde, il suffit de peu pour développer un panaris (parfois appelé « mal blanc »).
Causes fréquentes :
Microcoupures ou blessures (ciseaux, ongles rongés, échardes, morsures, etc.)
Manucure agressive, surtout si on repousse les cuticules
Rongement des ongles ou des peaux mortes
Piqûres ou griffures
Travaux manuels sans gants
Hygiène insuffisante
Facteurs de risque connus :
Maladies chroniques comme le diabète, immunodépression, alcoolodépendance
Travail manuel répété
Dermatite ou eczéma chronique des mains
Panaris : quand consulter ?
Un panaris débutant peut parfois être traité en automédication, mais certains signes doivent alerter :
Douleur intense et persistante
Apparition de pus
Fièvre
Rougeur qui s’étend
Difficulté à plier le doigt
Absence d’amélioration sous 48 heures malgré les soins
En cas de doute, consultez rapidement un médecin ou demandez conseil à votre pharmacien. Une prise en charge précoce évite les complications comme l’abcès ou la propagation de l’infection aux tissus profonds.
Mais surtout, quel que soit le stade du panaris, vérifiez votre statut vaccinal contre le tétanos :
rappels à 6 ans, 11–13 ans, 25 ans, tous les 20 ans jusqu’à 65 ans, puis tous les 10 ans.
Les petites plaies des mains sont des portes d’entrée possibles pour le tétanos.
Quel traitement pour un panaris ?

Le traitement dépend du stade de l’infection, mais il est toujours important de laver soigneusement le doigt à l’eau et au savon.
En cas de panaris débutant (sans pus), il est possible en automédication de :
Faire des bains antiseptiques (Hexomédine transcutanée, Dakin dilué, Biseptine) 3 à 4 fois par jour pendant 10 à 15 minutes,
Appliquer un antiseptique local (gel ou spray),
Réaliser un pansement propre et non occlusif,
En cas de douleur, prendre un antalgique de type paracétamol (éviter les anti-inflammatoires, qui favorisent la diffusion de l’infection).
À ce stade, ces gestes suffisent souvent à enrayer l’infection.
En cas de panaris collecté (avec pus) :
Consultation médicale indispensable.
Le médecin peut pratiquer un geste chirurgical sous anesthésie locale pour évacuer le pus.
Une antibiothérapie orale peut être prescrite, surtout en cas de fièvre ou d’atteinte profonde.
Soins locaux à poursuivre : bains antiseptiques, pansements, surveillance de la cicatrisation.
Cas particuliers à surveiller : patients diabétiques, immunodéprimés, panaris récidivant → prise en charge médicale rapide indispensable
Conseil pharmaceutique : Ne jamais percer soi-même un panaris ! Cela privilégie la diffusion de l’infection.
Comment prévenir un panaris ?
La prévention repose sur quelques gestes simples :
Se laver les mains régulièrement,
Désinfecter toute plaie, même minime,
Ne pas se ronger les ongles ni les peaux autour,
Utiliser du matériel propre pour la manucure, ne pas repousser excessivement les cuticules,
Porter des gants pour les travaux manuels ou de jardinage,
Hydrater régulièrement les mains,
Consulter en cas de lésion persistante ou abcès, notamment pour les personnes à risque.
Le panaris est une infection fréquente, mais à ne pas négliger. En cas de douleur, rougeur et gonflement d’un doigt, réagissez vite avec des soins antiseptiques. Et si les symptômes s’aggravent, n’hésitez pas à consulter. Votre pharmacien est votre premier allié pour reconnaître un panaris et vous orienter vers la meilleure prise en charge.