Comment savoir si vous souffrez d’hyperthyroïdie ?

Comment savoir si vous souffrez d’hyperthyroïdie ?

L’hyperthyroïdie est une maladie qui touche la glande thyroïde et qui est présente chez 2 % des femmes contre 0,4 % des hommes en Europe. Ce n’est donc pas une maladie rare ! Mais connaissez-vous bien cette pathologie, quels sont ses symptômes, son diagnostic et surtout son traitement ? Le point avec votre pharmacien conseil DocMorris.

Qu'est-ce que l'hyperthyroïdie ?

L’hyperthyroïdie est un trouble hormonal lié à une production excessive d’hormones thyroïdiennes par la glande thyroïde. Située à la base du cou, cette glande en forme de papillon joue un rôle essentiel dans la régulation du métabolisme, c’est-à-dire la façon dont notre corps produit et utilise l’énergie. La thyroïde produit des hormones appelées T3 et T4 qui sont contrôlées par une autre hormone, la TSH, secrétée par l’hypophyse.

Dans le cas de l’hyperthyroïdie, le métabolisme s’emballe : les cellules reçoivent trop d’hormones thyroïdiennes (T3 et T4), ce qui accélère de nombreuses fonctions de l’organisme. En effet, la thyroïde produit alors un taux très élevé d’hormones T3 et T4, ce qui se traduit par un taux de TSH très bas selon un mécanisme de rétrocontrôle. Cela entraîne une série de symptômes parfois discrets au début, mais qui peuvent devenir très invalidants s’ils ne sont pas pris en charge.

Qui est touché par l'hyperthyroïdie ?

L’hyperthyroïdie peut toucher tout le monde, mais elle est plus fréquente chez les femmes, notamment entre 30 et 50 ans. On estime que les femmes sont 5 à 10 fois plus touchées que les hommes.

Parmi les facteurs de risque de faire une hyperthyroïdie, on note :

  • les antécédents familiaux : en effet, le risque est accru si des membres proches de la famille ont une maladie thyroïdienne,

  • la présence d'autres pathologies auto-immunes (c’est-à-dire un retournement du système immunitaire contre soi-même),

  • une carence ou un excès d’iode peuvent augmenter le risque,

  • un stress important, la grossesse ou encore la période après l’accouchement peuvent déclencher la maladie, mais après l’accouchement, c’est souvent une hyperthyroïdie transitoire pouvant ensuite évoluer vers une hypothyroïdie.

Chez les personnes âgées, l’hyperthyroïdie peut passer inaperçue, avec des symptômes atypiques, d’où l’importance d’un dépistage ciblé.

Quels sont les symptômes de l'hyperthyroïdie ?

Les manifestations de l’hyperthyroïdie sont variées et touchent plusieurs zones de l’organisme selon le type d’atteinte de la thyroïde. Il faut savoir également que tous les symptômes ne sont pas systématiques et leur intensité varie d’un patient à l’autre. Chez la personne âgée, l’hyperthyroïdie peut se manifester par une fatigue, un amaigrissement, une dépression ou des troubles du rythme cardiaque, sans réellement de signes classiques.

Symptômes généraux

  • Fatigue persistante malgré un sommeil normal

  • Perte de poids involontaire avec appétit conservé, voire augmenté

  • Intolérance à la chaleur, sensation de chaleur excessive

  • Sueurs abondantes

Action sur le système cardiovasculaire

  • Palpitations, tachycardie

  • Hypertension artérielle

  • Essoufflement à l’effort

Action sur le système nerveux et psychique

  • Nervosité, anxiété, irritabilité

  • Troubles du sommeil

  • Tremblements fins des mains

  • Hyperactivité, agitation mentale

Perturbation de la sphère digestive

  • Transit accéléré, diarrhées fréquentes

  • Douleurs abdominales parfois

Autres signes fréquents d'hyperthyroïdie

  • Troubles menstruels chez la femme (règles irrégulières ou absentes)

  • Cheveux fins, fragiles, chute de cheveux

  • Peau chaude et moite

  • Goitre (augmentation du volume de la thyroïde)

  • Exophtalmie (yeux saillants) dans la maladie de Basedow

On retrouve ces signes dans les différentes causes d’hyperthyroïdie :

  • la maladie de Basedow (ou maladie de Graves), maladie auto-immune, cause la plus fréquente

  • la grossesse

  • les nodules thyroïdiens

  • les thyroïdites liées à des virus ou à une pathologie auto-immune

  • les traitements iodés ou à base d’hormones thyroïdiennes. Par exemple, le médicament amiodarone, prescrit contre les troubles cardiaques, peut provoquer une hyperthyroïdie. De même, certains compléments alimentaires minceur contenant des algues riches en iode sont à surveiller.

Thyroïde hyperactive : quand consulter ?

Comment savoir si vous souffrez d’hyperthyroïdie ?

Il est conseillé de consulter un médecin :

  • En cas de perte de poids inexpliquée, surtout si elle s’accompagne de palpitations ou d’irritabilité

  • Si vous avez des tremblements persistants, une sudation excessive ou une fatigue anormale

  • Si un goitre apparaît ou en cas de gêne au niveau du cou

  • En cas de troubles cardiaques nouveaux (palpitations, irrégularité du rythme)

  • Si vous avez un antécédent familial de maladie thyroïdienne

Le rôle du pharmacien est central pour repérer ces signes d’alerte et orienter vers une consultation médicale, notamment en cas de prise de médicaments incompatibles avec une fonction thyroïdienne perturbée.

Quels sont les traitements de l'hyperthyroïdie ?

Le traitement dépend de la cause, de l’âge du patient, de la gravité des symptômes et des contre-indications éventuelles. La prise en charge inclut :

  • Des médicaments antithyroïdiens de synthèse comme le carbimazole ou le propylthiouracile, qui freinent la production d’hormones par la thyroïde. Leur effet est progressif (2 à 4 semaines) et nécessite un suivi régulier des bilans sanguins (TSH, T3, T4, NFS).

  • Un traitement symptomatique avec des bêta-bloquants (comme le propranolol) pour soulager les palpitations, tremblements et anxiété.

  • L’iode radioactif, parfois proposé en capsule ou liquide, pour détruire sélectivement les cellules thyroïdiennes hyperactives. Fréquent chez les adultes (hors grossesse). Peut entraîner une hypothyroïdie secondaire, nécessitant une substitution hormonale à vie.

  • La chirurgie (thyroïdectomie) recommandée en cas de goitre compressif, de nodules suspects ou d’échec des autres traitements. Implique souvent une supplémentation hormonale post-opératoire.

Le suivi au long cours est essentiel pour surveiller l’évolution de la maladie, ajuster les traitements et prévenir les complications (cardiaques, osseuses, etc.).

Le conseil du pharmacien

  • Attention à l’alimentation : éviter les aliments riches en iode (poissons, fruits de mer, crustacés, algues). Privilégier les aliments pauvres en iode (blanc d’œuf, fruits frais, avoine, miel).

  • Détection précoce de signes évocateurs chez les patients

  • Conseils sur la prise correcte des traitements : respect des horaires, prise à jeun, éviter certains aliments ou médicaments

  • Surveillance des effets indésirables : rash, fièvre, douleurs musculaires…

  • Accompagnement en cas de passage vers l’hypothyroïdie : adaptation du traitement, surveillance de la fatigue

En conclusion, l’hyperthyroïdie est une pathologie fréquente, souvent sous-diagnostiquée à ses débuts. Une attention particulière portée aux symptômes, accompagnée d’un bon relais entre pharmacien et médecin, permet un diagnostic rapide et une prise en charge adaptée. Grâce à un traitement bien suivi, la plupart des patients retrouvent un équilibre hormonal stable et une qualité de vie satisfaisante.