La gale : comment la reconnaître et la traiter ?

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 07/09/2018

parents et enfant en train de se gratter

Si on annonce régulièrement son retour, la gale n’a en réalité jamais complètement disparu et connaît même depuis une dizaine d’années un pic de fréquence ! On estime que près de 300 millions de personnes - comprenant toutes les tranches d’âge et tous les milieux socio-économiques -  sont touchées dans le monde. Mais qu’est-ce-que la gale ? Comment la reconnaître ? Et surtout comment la traiter et la prévenir ? Votre pharmacien Conseil DocMorris fait le point pour vous. 

Qu’est-ce que la gale ?

La gale est une maladie très contagieuse liée à un parasite, qui se transmet par simple contact humain direct. Faisant partie de la famille des acariens, ce parasite de toute petite taille est appelé sarcopte (Sarcoptes Scabiei hominis). 

Généralement directe, sa transmission peut aussi être indirecte (vêtements, literie…). Du fait de la possible contamination sexuelle, on la considère également comme étant une infection sexuellement transmissible (IST). 

Contrairement à certaines idées faussement répandues, la gale touche tous les âges, toutes les ethnies et toutes les catégories sociales. Elle peut aussi sévir sous forme d’épidémie dès lors qu’il existe une forte promiscuité et un contact peau à peau, au sein de collectivités telles que les établissements médicalisés et les foyers pour personnes âgées, chez des sujets aux moyens de défense immunitaire diminués ou bien encore dans des milieux sociaux défavorisés. 

Plusieurs types de gale existent : gale du nourrisson, gale profuse, gale hyperkératosique, ainsi que d’autres formes compliquées. La gale animale peut être également transmise à l’homme. L’acarien responsable de la gale, invisible à l’œil nu, creuse des galeries dans la partie la plus superficielle de l’épiderme. Seule la femelle est pathogène et responsable des lésions de la gale. Elle utilise les galeries pour déposer ses œufs, qui éclosent 3 à 5 jours après. Les larves deviennent ensuite adultes en 2 à 3 semaines. Le sarcopte de la gale se déplace de plusieurs centimètres par heure, mais perd sa mobilité et meurt en 12 à 24 heures lorsque les températures sont inférieures à 20 °C. Dans la plupart des cas, il faut compter 3 semaines entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes de la gale. 

Quels sont les symptômes de la gale ? 

Les symptômes de la gale peuvent varier en fonction de la forme de la maladie. Ils se manifestent essentiellement par des lésions cutanées et doivent amener à consulter un médecin pour établir un diagnostic.  Une dizaine de sarcoptes peuvent être présents sous la peau en cas de gale commune typique. Ils provoquent des démangeaisons chroniques, quasi permanentes et particulièrement intenses durant la nuit. Ce prurit favorise les lésions de grattage, qui peuvent être semblables à des stries linéaires, des griffures, des petites croûtes, des plaques de rougeurs et de sécheresse. On constate aussi des lésions spécifiques de la gale :  

  • Les sillons : lésions de quelques millimètres en forme de lignes sinueuses illustrant le trajet du sarcopte de la gale sous la peau. 

  • Les vésicules perlées : petites élévations ou minuscules cloques de la taille d’une tête d’épingle, situées à l’extrémité du sillon. 

  • Les nodules scabieux : lésions nodulaires rouges ou violacées d’origine immuno-allergique, en relief, mesurant quelques millimètres (voire plusieurs centimètres) et fréquemment observées au niveau des organes génitaux masculins. 

Ces lésions peuvent être observées à l’aide d’un dermatoscope, une grosse loupe éclairée permettant de grossir jusqu’à 10 fois la surface de la peau. Le sarcopte de la gale est mis en évidence par la présence d’un petit triangle noir ou brun foncé en forme de deltaplane qui correspond à la tête du parasite. Pour les détecter, le médecin peut aussi appliquer de l'encre de Chine sur la lésion suspecte. S'il s'agit d'un sillon, l'encre va y pénétrer et confirmer le diagnostic de la gale. 
 
Les zones les plus touchées par la gale sont les espaces entre les doigts, la face antérieure des poignets et des bras, les coudes, les aisselles, les fesses, le nombril, la face interne des cuisses, les organes génitaux chez l’homme, et les seins (mamelon et aréole) chez la femme. Les démangeaisons le soir et la nuit sont bien souvent des signes qui conduisent au diagnostic de la gale. 

Quel traitement pour la gale ? 

C’est le médecin qui établit le diagnostic. Lorsqu’un cas de gale est découvert, il faut impérativement traiter le malade, les personnes de son foyer ainsi que ses partenaires sexuels, même s’ils n’ont aucun signe visible de la maladie. Il est également conseillé d’isoler le patient pendant au moins 3 jours après le début du traitement avant son retour en collectivité. Enfin, le traitement de la personne doit être réalisé en même temps que celui de son lieu d’habitation, pour éviter tout risque de réinfestation. 

Nettoyage de la peau

Il convient d’utiliser des antiseptiques en solution moussante pour le lavage du corps afin de prévenir les surinfections. 

Traitement local 

2 molécules sont prescrites : 

  • Le benzoate de benzyle s’applique à l’aide de compresses ou d’un pinceau sur le corps avant le coucher. Deux applications à 24 h d’écart sont suffisantes pour le traitement. 

  • Les pyréthrines (perméthrine) en spray sont à appliquer sur l’ensemble du corps (contre-indiqué chez les asthmatiques). Une application est généralement suffisante pour le traitement. 

Attention : le traitement contre la gale n’agit pas sur les œufs, il faut donc effectuer 2 traitements complets espacés d’une semaine pour assurer la guérison. Ces traitements peuvent provoquer des sécheresses cutanées sévères sur l’ensemble du corps. Il est recommandé d’utiliser des crèmes très nourrissantes pour le corps pendant plusieurs jours et semaines après le traitement contre la gale. 

Traitement oral  

Il se fait uniquement sur prescription médicale et DOIT être associé au traitement local. Il s’agit de la molécule Ivermectine qui doit se prendre en 2 fois à 14 jours d’écart, car elle n’agit que sur les adultes acariens et pas sur les œufs. 

Traitement de l’environnement

Les vêtements portés au cours de la dernière semaine, le linge de toilette et la literie doivent être lavés à 60°. Les vêtements ne pouvant être lavés à cette température seront enfermés hermétiquement dans des sacs plastiques pendant au moins 6 heures, et pulvérisés avec un produit acaricide. Il convient également de traiter le logement et toutes les pièces de vie avec des produits répulsifs et sprays antiparasites. Si besoin, retrouvez plus de conseils pour désinfecter votre intérieur. Les démangeaisons se poursuivent généralement 2 semaines après la fin du traitement malgré un bon suivi. En effet, l’envie de se gratter résulte de l’allergie aux parasites (même lorsqu’ils sont morts). Il faut donc attendre le renouvellement des cellules de la peau (environ 6 semaines) pour en être totalement débarrassé. Ainsi, si les démangeaisons sont trop intenses, pensez à bien appliquer un baume hydratant anti-démangeaisons pour le corps. Une seconde consultation chez le médecin peut aussi s’imposer. 

Comment prévenir la gale ? 

La gale étant très contagieuse, certaines mesures sont indispensables pour éviter sa transmission à l’entourage : 

  • Informer les personnes avec lesquelles le malade a été en contact répété et prolongé et les inviter à consulter rapidement un médecin. 

  • Respecter le traitement prescrit par le professionnel de santé. 

  • Éviter les contacts cutanés avec l’entourage pendant les 3 jours après le début du traitement.

  •  Passer l’aspirateur dans le logement et le vider aussitôt. 

Enfin, attention, si votre chien se gratte sans arrêt, qu’il a des pellicules ou des rougeurs sur la peau, il est peut-être atteint de gale. La contagion vers l’homme et d’autres animaux est très importante. En cas de doute, n’hésitez pas à demander conseil à votre pharmacien, tout en gardant à l’idée que la gale est dorénavant une maladie qui peut toucher chacun d’entre nous. Elle se soigne très bien en respectant bien les consignes de traitement, mais aussi et surtout en traitant parfaitement l’environnement, le logement, et tous les vêtements et la literie qui ont été en contact avec le malade.