
Saviez-vous que la maladie cœliaque reste encore très méconnue alors qu’elle touche environ 1 % de la population française. C’est donc loin d’être une maladie rare. Cependant, elle est souvent confondue avec une simple intolérance au gluten. Cette maladie cœliaque est en réalité une maladie auto-immune (une attaque du système immunitaire contre nos propres constituants) qui peut avoir des conséquences importantes sur la santé si elle n’est pas diagnostiquée et prise en charge à temps. Avec votre pharmacien conseil DocMorris, faisons le point sur cette affection chronique et sur les moyens d’apprendre à vivre sereinement avec.
Qu’est-ce que la maladie cœliaque ?
La maladie cœliaque est une affection auto-immune chronique du tube digestif, déclenchée par l’ingestion de gluten, une protéine présente dans certaines céréales : blé, seigle, orge, épeautre, kamut…
La maladie cœliaque ou intolérance au gluten est une maladie intestinale chronique et auto-immune liée à l'ingestion de gluten, formé à partir de la gliadine contenue dans certains produits céréaliers. Elle survient chez des personnes génétiquement prédisposées.
Chez les personnes prédisposées, le gluten provoque une réaction immunitaire anormale au niveau de l’intestin grêle. Le système immunitaire attaque alors la muqueuse intestinale, entraînant une atrophie des villosités intestinales, ces petites structures qui permettent d’absorber les nutriments. Résultat : la conséquence en est une digestion altérée et l’organisme assimile moins bien la majorité des nutriments et on observe une malabsorption des vitamines, minéraux et autres éléments essentiels (fer, calcium, vitamine D, Vitamine B9 ou acide folique...), avec des répercussions sur tout l’organisme.
À ne pas confondre avec l’allergie alimentaire au gluten : elle provoque des symptômes survenant immédiatement après l’ingestion de gluten. Ce type d’allergie se déclare en deux temps. Un premier contact avec le gluten reste sans symptôme. Toutefois, il entraîne la production d’anticorps dirigés contre lui (on les appelle des IgE). Ceux-ci se fixent sur les mastocytes (cellules participant à la défense de l’organisme). Lors d’un second contact avec le gluten, les mastocytes sont stimulés. Ils libèrent alors des substances comme l’histamine, causant des symptômes immédiats d'allergie (éruption cutanée, gonflement parfois du visage, crise d’asthme…).
Les symptômes de la maladie cœliaque apparaissent eux de manière progressive et durable.
Comment se déclenche la maladie cœliaque ?
Il existe toujours beaucoup d’inconnus sur cette pathologie et la survenue de la maladie dépend surtout de facteurs génétiques et environnementaux. En effet, sur le plan génétique, des gènes particuliers appelés HLA-DQ2 ou HLA-DQ8 sont retrouvés chez la quasi-totalité des patients atteints.
Sur le plan environnemental, certains éléments pourraient jouer un rôle déclencheur ou aggravant, et notamment l’introduction précoce du gluten chez le nourrisson, des infections intestinales, la grossesse, le stress ou une chirurgie digestive, un déséquilibre du microbiote intestinal.
La maladie peut donc se déclarer à tout âge, aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte, parfois après des années de symptômes discrets ou inexpliqués.
Les symptômes de la maladie cœliaque à connaître

Les manifestations sont très variables d’une personne à l’autre. Certaines formes sont digestives, d’autres non digestives ou même silencieuses.
Parmi les formes digestives classiques, on note le plus souvent :
des ballonnements,
des douleurs abdominales,
des diarrhées chroniques,
des selles grasses ou malodorantes.
Cela peut s’accompagner d’une perte de poids, d’une fatigue persistante, de carences en fer, en calcium ou en vitamine B12.
Parmi les formes extra-digestives, il est possible de diagnostiquer :
une anémie ferriprive résistante au traitement,
et/ou la mise en place d’une ostéoporose précoce.
Les patients peuvent présenter :
des aphtes récidivants,
des anomalies cutanées (dermatite herpétiforme),
des troubles neurologiques (fourmillements, migraines, troubles de l’humeur),
un retard de croissance chez l’enfant et des troubles de la fertilité chez la femme.
La diversité de tous ces symptômes explique pourquoi le diagnostic est parfois tardif, souvent plusieurs années après le début des troubles.
Comment diagnostiquer la maladie cœliaque ?
Le diagnostic repose sur une combinaison d’examens cliniques, sérologiques et histologiques.
Bilan sanguin (sérologie) : recherche d’anticorps spécifiques (anti-transglutaminase et anti-endomysium).
Confirmation par biopsie de l’intestin grêle lors d’une endoscopie : elle permet de visualiser l’atrophie des villosités intestinales.
Test génétique HLA-DQ2/DQ8 : utile pour exclure la maladie en cas de doute (leur absence rend le diagnostic improbable).
Important : le régime sans gluten ne doit jamais être commencé avant le diagnostic, car il peut fausser les résultats des tests. Enfin, ne pas oublier que certaines personnes développent des symptômes de maladie cœliaque durant l’enfance. D’autres ne développent des symptômes qu’à l’âge adulte, ce qui retarde d'autant plus le diagnostic et que la gravité des symptômes dépend de la proportion de l’intestin grêle touchée.
Traitement et régime sans gluten : comment vivre avec la maladie cœliaque ?
Le seul traitement efficace est à ce jour, un régime strict sans gluten à vie. Cela implique d’éliminer toutes les sources de blé, orge, seigle, épeautre, kamut… et de privilégier : riz, maïs, quinoa, sarrasin, millet, pomme de terre, châtaigne.
Il s’agira de consommer uniquement des produits certifiés "sans gluten", portant le logo de l’épi barré (symbole officiel).
Parmi les conseils pratiques pour le quotidien et bien vivre sa maladie cœliaque, on peut :
Lire attentivement les étiquettes alimentaires, y compris sur les produits transformés.
Éviter les contaminations croisées (ustensiles, plan de travail, grille-pain).
Privilégier la cuisine maison et les produits frais.
Se faire accompagner par un diététicien pour équilibrer l’alimentation.
Consulter régulièrement son pharmacien pour vérifier la composition des médicaments et compléments alimentaires (certains excipients contiennent du gluten).
En résumé
La maladie cœliaque est une affection auto-immune fréquente, mais encore sous-diagnostiquée. Bien comprise et bien prise en charge, elle permet une qualité de vie normale à condition de respecter strictement le régime sans gluten.
Le dialogue avec les professionnels de santé (médecin, diététicien, pharmacien) reste essentiel pour vivre sereinement avec cette maladie.






