Papillomavirus : prévenir, dépister, protéger

Papillomavirus : prévenir, dépister, protéger

Saviez-vous que le papillomavirus humain (HPV) est l’une des infections sexuellement transmissibles les plus répandues dans le monde. En effet, on estime que 8 personnes sur 10 seront infectées par un virus du groupe papillomavirus. Le plus souvent bénigne et transitoire, cette infection peut parfois évoluer vers des lésions précancéreuses ou cancéreuses, aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Ces cancers sont notamment des lésions du col de l’utérus, du vagin, de l’anus, du pénis, mais aussi de la bouche ou de la gorge avec certains types de Papillomavirus. Grâce à la vaccination et au dépistage régulier, il est aujourd’hui possible de se protéger efficacement.

Qu’est-ce que le papillomavirus (HPV) ?

Le papillomavirus humain, ou HPV (Human Papillomavirus), regroupe une famille de plus de 200 virus différents.
Certains provoquent de simples verrues cutanées, tandis que d’autres infectent les muqueuses génitales et peuvent, dans certains cas, entraîner des lésions précancéreuses.

En effet, certaines souches de HPV sont liées à l’apparition de verrues sur les mains, les pieds, le visage, etc. Une quarantaine de souches de HPV peuvent toucher les organes génitaux (vulve, vagin, col de l’utérus, pénis, scrotum), mais aussi le rectum et l’anus. Toutes les verrues sont causées par le HPV, mais toutes les souches de HPV ne se manifestent pas par des verrues. Certaines souches de HPV sont à haut risque et peuvent entraîner des cancers.

Aussi, on distingue deux grandes catégories :

  • Les HPV à bas risque oncogène (comme les types 6 et 11) : responsables de verrues génitales appelées condylomes.

  • Les HPV à haut risque oncogène (notamment les types 16 et 18) : impliqués dans le développement de certains cancers, principalement celui du col de l’utérus, mais aussi de la vulve, du vagin, du pénis, de l’anus et de la sphère ORL.

En France, on estime que 80 % des femmes et des hommes sexuellement actifs seront exposés au HPV au cours de leur vie.

Papillomavirus : prévenir, dépister, protéger

Comment se transmet le papillomavirus ?

Le papillomavirus se transmet par contact direct avec la peau ou les muqueuses, le plus souvent lors de rapports sexuels, même sans pénétration complète. La transmission du papillomavirus est facilitée par une coupure, une lésion ou une petite déchirure de la peau.
Le préservatif réduit le risque de transmission, mais ne protège pas totalement, car le virus peut être présent sur des zones non couvertes (pubis, périnée, anus...).

D’autres modes de transmission, plus rares, existent :

  • Transmission mère-enfant pendant l’accouchement,

  • Auto inoculation, c'est-à-dire un passage d’une zone du corps à une autre,

  • Transmission indirecte par contact avec des objets contaminés (peu fréquente).

L’infection peut rester latente durant des années avant de se manifester, ce qui explique qu’elle puisse apparaître longtemps après la contamination.

Les symptômes et conséquences de l’infection par le HPV

Dans la majorité des cas (90 %), le corps élimine naturellement le virus en moins de deux ans, sans conséquence. Les papillomavirus ont pour symptômes des verrues. Lorsque les verrues sont situées au niveau des organes génitaux ou de l’anus, elles sont appelées dans le langage médical des condylomes. De nombreuses personnes affectées par le HPV sont asymptomatiques et, par conséquent, ignorent qu’elles sont porteuses du HPV mais elles peuvent le transmettre et contaminer d’autres personnes.

En fonction du type d’HPV, l’infection peut persister et elle peut évoluer vers des lésions précancéreuses, voire un cancer.

Symptômes possibles

  • Aucun symptôme dans la majorité des cas.

  • Condylomes génitaux (verrues molles indolores, parfois groupées en “crêtes de coq”).

  • Petits saignements après les rapports ou pertes inhabituelles, pouvant évoquer une lésion du col de l’utérus.

Conséquences à long terme

Une infection chronique par un HPV à haut risque oncogène peut provoquer :

  • Des lésions précancéreuses du col de l’utérus (CIN 1, 2, 3),

  • Des cancers du col de l’utérus (près de 3 000 cas par an en France),

  • Mais aussi des cancers de l’anus, du pénis, de la vulve, du vagin ou de la gorge.

Dépistage du papillomavirus : pourquoi et quand le faire ?

Le dépistage permet de détecter précocement les lésions du col de l’utérus, avant qu’elles ne deviennent cancéreuses.
Il s’adresse souvent aux femmes, car les cancers liés au HPV sont beaucoup plus fréquents chez elles, mais le dépistage du papillomavirus peut aussi être proposé chez les hommes en cas de symptômes (verrues, condylomes…). 

Modalités du dépistage

Le dépistage repose sur un prélèvement cervico-utérin (frottis) réalisé par un médecin, une sage-femme ou un gynécologue, à partir d’un échantillon de cellules du col de l’utérus.

Deux types de tests existent :

  1. Le frottis cytologique (examen des cellules au microscope) — recommandé chez les femmes de 25 à 29 ans, tous les 3 ans après deux frottis normaux à un an d’intervalle.

  2. Le test HPV (détection du virus par biologie moléculaire) — recommandé chez les femmes de 30 à 65 ans, tous les 5 ans.

Le dépistage peut aussi être réalisé par auto prélèvement vaginal, de plus en plus proposé, notamment pour faciliter la participation des femmes éloignées du suivi gynécologique.

Pourquoi dépister ?

Parce que le cancer du col de l’utérus est évitable à 90 % grâce au dépistage régulier et à la vaccination. Le dépistage permet d’intervenir avant l’apparition des symptômes, lorsque les lésions sont encore réversibles.

Existe-t-il des traitements contre le papillomavirus ?

Les verrues se résorbent la plupart du temps sans traitement, en particulier chez les enfants. Cependant, comme il n’existe aucun remède permettant d’éliminer totalement le virus dans l’organisme, elles peuvent réapparaître au même endroit ou sur d’autres zones du corps. En cas de papillomavirus récurrent, différents traitements sont mis en œuvre pour éliminer les verrues :

  • des traitements locaux : le médecin prescrit des médicaments destinés à être appliqués directement sur la verrue pendant une période donnée ;

  • des interventions chirurgicales : si les traitements locaux ne fonctionnent pas, le médecin peut éliminer les verrues en les congelant avec de l’azote liquide (cryothérapie), en les brûlant avec un courant électrique (électrocautérisation),

  • ou encore en procédant à une ablation chirurgicale ou au laser

Le traitement du HPV au niveau du col de l’utérus est spécifique. Si le gynécologue constate que le test HPV présente des anomalies, il procédera à une biopsie. En cas de présence de lésion précancéreuse, celle-ci sera retirée par une technique adaptée au cas de la patiente. 

Vaccin contre le papillomavirus : à quel âge et pour qui ?

La vaccination est la meilleure prévention contre les infections à HPV à haut risque. Le vaccin protège contre les types de HPV les plus fréquemment responsables de cancers et de condylomes.

Papillomavirus : prévenir, dépister, protéger

Les vaccins disponibles

  • Gardasil 9® (le plus utilisé) protège contre 9 types de HPV (6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52, 58).

  • Il est remboursé à 65 % par l’Assurance maladie, et souvent complété par les mutuelles.

Schéma vaccinal recommandé

  • Pour les filles et les garçons de 11 à 14 ans : 2 doses à 6 à 13 mois d’intervalle.

  • Pour les 15 à 19 ans non vaccinés : 3 doses selon le schéma 0, 2 et 6 mois.

  • Depuis 2023, la vaccination est proposée gratuitement en milieu scolaire (classe de 5e).

Certaines personnes à risque particulier (immunodéprimés, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à 26 ans) peuvent aussi bénéficier de la vaccination sur recommandation médicale.

Le pharmacien joue un rôle clé dans la promotion de la vaccination :

  • Information et sensibilisation des patients.

  • Dispensation et vérification du schéma vaccinal.

  • Vaccination directe en pharmacie (autorisée pour les pharmaciens formés depuis 2023).

  • Orientation vers un dépistage si nécessaire.      

En résumé, le papillomavirus est une infection très courante, mais largement évitable. Grâce à la vaccination dès l’adolescence et au dépistage régulier chez la femme adulte, il est possible de prévenir jusqu’à 90 % des cancers du col de l’utérus.